
Revenons à la question toute simple : « comment mesurer la qualité d'une prévision? » Supposons que, selon les prévisions actuelles, dans 24 heures, le niveau de la rivière va se mettre à monter, pour s’élever rapidement de 5 mètres en 6 heures, et culminer à 20,75 mètres, soit 0,25 mètre au-dessous du niveau critique de crue.

Imaginons maintenant que le niveau monte exactement au moment prévu, mais que le pic atteigne 21,25 mètres au lieu de 20,75 mètres. Le pic se trouve donc à 0,25 mètre au-dessus du niveau critique de crue au lieu de 0,25 mètre au-dessous. La prévision était-elle bonne? Bien entendu, tout dépend de la personne qui pose la question et du contexte. Un prévisionniste sachant que la mesure des niveaux élevés sur cette rivière s’accompagne d’une grosse marge d'incertitude considérerait probablement cette prévision comme bonne.
Un responsable de la gestion des crises, par contre, verrait surtout que le niveau critique de crue a été dépassé et que personne ne l’avait annoncé.

Compte tenu des graves conséquences que peut avoir l’absence de tout préparatif en cas d’inondation, cette même prévision pourra être considérée comme mauvaise.

Supposons maintenant que le responsable de la gestion des crises ait consulté les statistiques pour ce type de prévision et qu’il sache que les prévisions relatives à la montée des eaux s'écartent parfois de plus d'un demi-mètre de la valeur vraie. Sachant que les prévisions de crues subites s'accompagnent souvent d'une grande incertitude, le responsable compétent décidera peut-être de prendre des mesures d'urgence si l’on prévoit une élévation à moins de 0,25 mètre du niveau critique de crue.